chroniques

Émile et ses amis : très grande soirée jazz

Emile Parisien-Vincent Peirani duo / Jean-Paul Celea Yes Ornette ! / Daniel Humair quartet
vendredi 30 mai 2014
Emile Parisien-Vincent Peirani duo / Jean-Paul Celea Yes Ornette ! / Daniel Humair quartet

Emile Parisien-Vincent Peirani duo :
Emile Parisien : sax
Vincent Peirani : accordéon
 
Jean-Paul Celea Yes Ornette ! :
Jean-Paul Celea : contrebasse
Emile Parisien : sax
Wolfgang Reisinger : batterie
 
Daniel Humair quartet :
Daniel Humair : batterie
Emile Parisien : sax
Vincent Peirani : accordéon
Jérôme Regard : contrebasse

Le jazz est à la fête ce soir avec Émile Parisien. On avait découvert le saxophoniste au festival en 2009 à l’occasion d’un concert qu’il donnait avec son quartet sous le Magic Mirrors et il nous avait déjà fortement impressionnés. On l’a depuis entendu dans un contexte très différent, en 2013, avec The Syndicate, en hommage à Joe Zawinul. Ce soir, il se retrouve maître de cérémonie avec ses invités, et quels invités ! 2, 3, 4, c’est parti !

Duo tout d’abord avec l’accordéoniste Vincent Peirani, un duo né du quartet de Daniel Humair qu’on entendra d’ailleurs en troisième partie de cette soirée... Tout le monde suit ? Les deux musiciens reprennent principalement le répertoire de leur album « Belle époque », notamment des titres composés ou joués par Sidney Bechet : « Egyptian Fantasy », « Tentation Rag » ou encore « Song of Medina », mais on appréciera tout particulièrement « 3 temps pour Michel P », une valse composée pour Michel Portal que l’on peut entendre sur l’album de Vincent Peirani « Thrill Box », avec ses glissades harmoniques vertigineuses sur un thème faussement facile.

En deuxième partie, on retrouve le trio de Jean-Paul Celea, grand contrebassiste s’il en est, qui jouait d’ailleurs initialement dans le quartet de Daniel Humair qu’on entendra justement en troisième partie de cette soirée... Tout le monde suit toujours ? On passe ici à l’univers d’Ornette Coleman, que Celea a mis du temps à vouloir jouer. Une musique exigeante, complexe et pourtant ici offerte et accessible, aussi sensible qu’intelligente. Le compositeur, figure majeure du free jazz, le disait lui-même : « La part la plus importante de notre musique est l’improvisation qui doit être faite avec le plus de spontanéité possible chaque personne amenant sa musicalité pour créer une forme… pour donner plus de liberté à l’interprète et de plaisir à l’auditeur ».

Arrive finalement le quartet de Daniel Humair… Tout le monde est toujours là ? Défricheur et aventurier permanent, le batteur a constitué en 2011 cette formation qui succède à son « Babyboom » où il s’entourait déjà de jeunes talents qu’il a le don de repérer et d’associer, tel un alchimiste moderne. Avec Vincent Peirani et Émile Parisien, on retrouve le contrebassiste Jérôme Regard aux côtés du leader. Chez Humair, la prise de risque est permanente : l’improvisation collective est associée à une écriture travaillée, et les interprètes doivent régulièrement jouer les équilibristes – ce qu’il font à merveille – au service d’une musique jubilatoire et inventive.