chroniques

L’aventure c’est l’aventure

Gamblin jazze, de Wilde sextet
samedi 28 mai 2011
Gamblin jazze, de Wilde sextet

Jacques Gamblin : comédien
Laurent de Wilde : claviers
Jérôme Regard : contrebasse
Donald Kontomanou : batterie, percus
Guillaume Naturel : sax
Fabien Nicol : DJ Alea

Jacques Gamblin a joué plusieurs fois dans des films de Lelouch et, même s’il n’était pas à l’affiche de « L’aventure c’est l’aventure », ce titre pourrait fort s’appliquer au spectacle de ce soir. Une rencontre proposée par Denis Lebas entre le comédien Jacques Gamblin et le pianiste Laurent de Wilde autour du jazz, deux artistes qui ne se connaissaient pas, aucun texte défini, aucune musique imposée… L’improvisation, donc, essence même du jazz. Mais l’improvisation, ça ne « s’improvise pas », ça se construit, se prépare. Aussi, les deux hommes se sont rencontrés de nombreuses fois, des textes ont été proposés et finalement, le comédien s’est mis à écrire lui-même autour du thème, la musique venant ensuite illustrer les mots et les mots jouer sur la musique. Pour l’occasion, De Wilde s’est entouré de fidèles complices nécessaires pour que l’alchimie puisse se créer : Alex Tassel, Guillaume Naturel, Jérôme Regard, Donald Kontomanou et DJ Alea.

À l’arrivée, un spectacle savoureux, emballant… Seul sur scène, Gamblin égrène quelques notes au piano et commence à évoquer ses premières expériences – douloureuses – avec la musique : les cours de piano et ce foutu « doigté » qui lui échappe, la guitare et la « pause » à respecter avant même de pouvoir jouer une seule note, la batterie, puis le zarb, les cuillères… Rien n’y fait. Avec drôlerie, il revient sur ces mésaventures musicales avant d’évoquer le jazz et d’en présenter les instruments, donnant l’occasion aux musiciens de le rejoindre sur scène. Dès lors, la trame d’une histoire de rencontre se dessine autour du désir amoureux, texte et musique alternés, mêlés, les mots bondissent librement sur les notes et les rythmes. Une écriture joueuse et jouissive portée par le comédien en phase avec ses complices jazzmen ; le plaisir est là malgré l’inévitable tension d’une première. « Jouer », « improviser », un vocabulaire commun au théâtre et au jazz qui prend tout son sens ici. De toute évidence, la rencontre devait avoir lieu et c’est une véritable connivence artistique, intellectuelle et amicale qui est née au fil de la création.

Une histoire à suivre puisqu’après les quatre concerts-lectures donnés au festival, des dates sont déjà programmées pour mars prochain.