Jacky Terrasson : piano
Il avait participé à l'édition 2000 du festival avec son quintet, c'est en solitaire que Jacky Terrasson nous revient cette année.
Jouer seul sur scène est toujours une aventure particulière, et même si le piano offre une richesse sonore et harmonique certaine, le musicien se retrouve à nu face au public. On a de plus à l'esprit des précédents fameux, notamment le Köln concert de Keith Jarret devenu une référence pour un large public, ou encore, pour les festivaliers de Coutances, la prestation d'Herbie Hancock il y a quelques années.
Sur le premier titre, le pianiste se lance sans filet, puisant l'inspiration au fur et à mesure du morceau dans une alternance de plages paisibles et de traits plus rageurs. On sent qu'il se cherche, se provoque lui-même, essaye, et organise dans l'improvisation une véritable construction dramatique. C'est réussi et passionnant à écouter, et on le suit avec plaisir pendant ce premier quart d'heure qui se termine, après avoir glissé quelques mesures de « Somewhere over the rainbow », par une citation de « My Favorite things ». Utilisant largement toute sa palette expressive, il nous raconte véritablement une histoire : au spectateur de se faire son film.
Le deuxième titre, apaisé, donne à entendre, entremêlés, « You've got a friend » et le slow de Scorpion « Still loving you » dans une version élégiaque de toute beauté. Étonnant et particulièrement réussi. Le pianiste nous emmène ensuite sur des terrains plus rythmés, nous gratifiant notamment d'un blues mémorable, et le temps passe vite jusqu'au rappel.
À la fois virtuose et expressif, Jacky Terrasson a su préserver tout au long du concert l'émotion et la musicalité.