Ronan Prual : contrebasse
Ronan Courty : contrebasse, objets
Alan Regardin : trompette, objets
Matthieu Prual : sax, clarinette basse
Le principe des Jazz Export Days, c’est de présenter à des programmeurs du monde entier des musiciens français dans les conditions du live, sous forme de « showcase » : des mini-concerts d’une demi-heure pour chaque formation. Pandémie oblige, ce sont surtout des programmeurs européens qui ont pu se déplacer cette année, mais les prestations sont filmées pour être envoyées par la suite plus largement. Cette première session – il y en aura une seconde vendredi – se fait sous le signe du dépaysement.
Le dépaysement se poursuit avec No Tongues, quartet nantais qui nous emmène sur les rives de l’Oyapock, aux confins de la Guyane et du Brésil. Les musiciens y ont passé sept semaines depuis 2018, recueillant sur place de nombreux sons, de nature, de chants, de témoignages… Inspirée de chants ancestraux, la musique se fait entêtante, proche de la transe. Répétitive et toujours mouvante, elle nous bouscule dans nos repères, jouant sur les bruits, la pâte sonore et la polyrythmie. Chaque titre apporte une couleur différente. La « Suite tule » est construite à partir de chants transcrits pour les instruments. « Moyotule », le tule de l’anaconda, est particulièrement impressionnant, avec la puissance apocalyptique des riffs des deux contrebasses… « Tortue géniale » est plus tranquille et apaisé. Le groupe allie ici tradition ancestrale et écriture contemporaine, pour un concert immersif d’une grande intensité, qui ne laisse pas indifférent. Le public ne s’y est pas trompé, qui applaudit avec enthousiasme une prestation pourtant exigeante.