Franck Tortiller : vibraphone
Yves Rousseau : contrebasse
Bojan Z : piano, claviers
Louis Winsberg : guitare
Andy Sheppard : sax
Thomas de Pourquery : sax
Airelle Besson : trompette
Anne Paceo : batterie
Fidel Fourneyron : trombone
Théo Ceccaldi : violon
Plus de 20 ans déjà que Jazz sous les pommiers invite des musiciens en résidence longue. Ils se sont réunis pour nous offrir un concert unique à l’occasion des quarante ans du festival. De Franck Tortiller et Yves Rousseau (sans Pascal Vignon, hélas trop tôt disparu) à nos deux nouveaux résidents Théo Ceccaldi et Fidel Fourneyron, ce sont dix pointures du jazz français qui sont présentes sur scène ce soir.
Chacun a proposé un titre : selon le cas, une composition personnelle existante, une nouvelle composition ou une reprise. Avant même que le concert ne démarre, on sent un frémissement dans la salle, les spectateurs battent déjà le rappel pour inviter les artistes à monter sur scène. De toute évidence, ces résidences de trois ans créent des liens forts, une relation fusionnelle entre les festivaliers et les musiciens, ceux-ci faisant en quelque sorte partie de la famille. Des applaudissements nourris les accueillent, et la soirée démarre avec « Here & Everywhere », un titre qu’Anne Paceo avait composé pour son projet Shamanes. Le ton est donné, les dix compères sont de toute évidence heureux d’être réunis sur scène, c’est un véritable All Star qui forme un tout cohérent. Franck Tortiller et Andy Sheppard prennent successivement un solo, la pression monte progressivement, l’énergie est bien là, et la musique va être propulsée à un haut niveau tout au long de la soirée.
Andy Sheppard, avec son humour habituel, présente le titre de sa composition comme quelque chose de compliqué et d’intime : « My wife’s gynaecologist doesn't like jazz ». Le morceau démarre tout en douceur, avec un walking bass soyeux sur lequel le saxophone d’Andy pose la mélodie. Là aussi, le jeu monte en puissance, jusqu’à un stop chorus d’anthologie à deux saxophones entre le compositeur et Thomas de Pourquery. La composition suivante, de Théo Ceccaldi, n’a pas encore de titre officiel. Il pensait à « Coutances 40 ans » mais penche plutôt pour « Zeus, god of the dogs », en hommage à son petit compagnon à quatre pattes. Malgré la diversité des écritures, le travail de calage et de finalisation des arrangements donne une véritable unité d’ensemble aux musiques. Suivent « M’dout Masaï », que Louis Winsberg avait écrit pour Sixun, sur un tempo reggae et dans un esprit très Methenien, puis « Radio One », titre qu’Airelle Besson avait joué pour la première fois à Coutances, avec d’ailleurs Anne Paceo à la batterie – avant qu’elle ne devienne elle-même résidente. Bojan Z nous offre « The Might », riche et complexe, Zappaien en diable. Fidel Fourneyron, ému de se retrouver sur scène pour jouer sur un morceau de Bojan, amène de son côté un inédit écrit pour l’occasion, « Loulou ».
Il reste encore quelques titres à jouer, mais on sait déjà qu’on assiste à un concert exceptionnel, qui restera dans les annales. Avec « Où va cet univers ? », à l’écriture très sensible sur un texte de Léo Ferré, Yves Rousseau offre un très bel écrin à la voix de Thomas de Pourquery. En introduction au dernier morceau « officiel » de la soirée – clin d’œil appuyé au rappel à venir –, Franck Tortiller rend hommage à Robbie, Jean-Marie Robillard, une des grandes figures du festival qui nous a quittés il y a seulement quelques semaines, et précise que ce spectacle lui est dédié. Il enchaine avec une reprise du fameux « Kashmir » de Led Zeppelin, arrangé à la sauce ONJ. Pour le rappel, Thomas de Pourquery reprend avec ses compagnons d’un soir « Love in Outer Space » de Sun Ra, à la fin duquel les musiciens abandonnent progressivement leurs instruments pour chanter le thème tous ensemble, dans un decrescendo très progressif chargé d’émotion…