Révélation !

Tout d’abord, le silence… Une voix nous parle de criquets pèlerins, qui font le voyage d’Afrique vers la France… Quelques cordes se font entendre, bientôt accompagnées en douceur par des percussions, rejointes elles-mêmes par d’autres cordes et percussions, tissant un tapis sonore qui évolue lentement. Et l’aventure commence. Car une telle rencontre est bien une aventure, humaine et musicale, qui repose sur une écoute et un respect réciproque des musiciens : rencontre entre les musiques occidentale et africaine, entre l’écriture et l’oralité, entre des hommes et des formations (Doudou N’Diaye Rose et ses percussionnistes, les Percussions-claviers de Lyon, Dominique Debart et les Cordes de l’Ensemble de Basse-Normandie, et le compositeur Jean-Luc Rimey-Meille). Et la magie opère ! Ici, les percussions n’accompagnent pas les cordes, mais les instruments se soutiennent mutuellement, s’entremêlent, chacun écoutant l’autre, et l’émotion surgit au détour des morceaux. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de voir Dominique Debart en concert ont été surpris ce soir : le chef d’orchestre était littéralement en transe ! Doudou N’Diaye Rose n’était pas en reste, menant et incarnant tout à la fois les percussions en une danse impressionnante de puissance dominée. Les compositions se sont succédé, rythmées pour certaines, lentes et dramatiques pour d’autres, et les grands moments n’ont pas manqué : lorsque les percussionnistes de Doudou N’Diaye Rose se sont retrouvés seuls sur scène et ont laissé littéralement exploser leur musique, lorsque les membres de l’Ensemble ont délaissé leurs cordes pour les peaux des tambours, ou encore lorsqu’ils ont été rejoints sur scène par les Maliens qui jouaient avant eux. Un cri du cœur a surgi de la foule : « C’est ça la force de l’Afrique ! ». Le concert devait finir peu après 23 heures, mais à minuit et demi, le public était encore là et entamait un « chant de la Paix » avec les musiciens.