Kenny Barron : piano
Jonathan Blake : batterie
Kigashi Kitagawa : contrebasse
C’était un des concerts très attendus de cette quarantième édition. Kenny Barron est en effet une des grandes figures du jazz américain qui, après avoir très tôt joué aux côtés de Yusek Lateef, Dizzy Gillespie, Freddie Hubbard ou encore Ron Carter, a démarré une carrière en leader aux alentours de trente ans, devenant un pianiste de référence incontournable, puissant et raffiné. C’est en trio, sa formule de prédilection, qu’il joue ce soir, avec le contrebassiste japonais Kigashi Kitagawa et le batteur Jonathan Blake, originaire comme lui de Philadelphie.
À peine installé, le pianiste lance « New York Attitude » qui entre dans le vif dès la première mesure : un swing rapide qui nous tient en haleine, soutenu par le jeu très nourri du batteur. Après cette vive entrée en matière, le calme revient progressivement, avec le standard « How Deep is the Ocean » au swing parfait, tout en nuances, Jonathan Blake montrant là qu’il est capable à la batterie d’autant de douceur que d’énergie, puis le climat s’apaise encore un peu plus avec la balade de Charlie Haden « Night Fall », une mélodie simple et belle sur laquelle le pianiste tisse un solo tout en dentelle et en délicatesse. C’est ensuite seul sur scène qu’il reprend « Memories of You », un titre d’une profonde nostalgie écrit par le pianiste Eubie Blake que Kenny Barron a eu la chance de rencontrer dans les années 80, juste un an avant sa mort. Les musiciens reviennent alors à un tempo plus rapide et énergique avec « Bud Like », enchainant ensuite avec la balade « Skylark » et une autre composition personnelle, « Calypso », qui donne lieu un époustouflant solo de batterie aux multiples variations, un véritable morceau à lui seul, qui a enthousiasmé le public. C’est sur « Cooks Bay » que s’achève ce concert empreint le plus souvent d’une grande mélancolie.
Assurément, on a assisté à un très beau moment de jazz comme on les aime…