Si les hasards des calendriers et les contraintes des tournées ne les en avaient pas empêché, il y a fort à parier qu’on aurait retrouvé Chris Potter, Ahmad Jamal, Pat Metheny ou encore Charlie Haden dans le public ce soir. Tous en effet ont évoqué leur admiration pour Maria Schneider en consultant le programme du festival. La compositrice arrangeuse a également fortement impressionné les spectateurs présents au théâtre, dirigeant le Brussels Jazz Orchestra de main de maître, avec grâce et énergie. Chez Maria Schneider, composition et arrangement sont intimement mêlés : il n’y a pas de mélodie et d’accompagnement à proprement parler, mais c’est l’orchestre tout entier qui interprète des thèmes aux consonances autant classiques (on pense notamment à Debussy dans certaines couleurs) que jazz, des compositions riches et complexes qui restent malgré tout accessibles. Pour les soli, le même schéma revient régulièrement : démarrage avec un accompagnement en trio, puis l’orchestre vient par nappes progressives qui se superposent et s’entremêlent, offrant un soutien de rêve qui « booste » l’improvisateur. On ne peut pas terminer sans parler des qualités du Brussel Jazz Orchestra, magnifique écrin pour ces compositions ardues à jouer, avec au piano Nathalie Loriers, qui a enchaîné directement un concert au Magic Mirrors avec son sextet.
chroniques
Le BJO au service de la grande compositrice
Maria Schneider et le Brussels Jazz Orchestravendredi 30 mai 2003