Matthew Bourne : piano
Dans le cadre de la journée britannique, une des grandes découvertes de l'édition 2002
Penché sur son piano, la tête au-dessus des cordes, Matthew Bourne a introduit le concert par une intro percussive allant crescendo. Les premiers instants passés, on commençait à se demander où tout cela pouvait mener. La réponse s'est imposée au gré des minutes : loin, très loin... Il ne fallait pas chercher ici une succession de thèmes : le concert s'est déroulé en une seule et longue suite intitulée « 0504012030 » où s'entremêlaient le piano et une foule d'extraits sonores, dialogues et bruits divers, en contrepoint de l'instrument ou encore comme support à l'improvisation. De Thelonious Monk à la musique de James Bond en passant par les Queen avec « Bohemian Rhapsody », nombreuses étaient les citations et évocations, mais en faire la liste ne peut évidemment pas retranscrire la poésie et l'émotion dégagées par le musicien. L'humour était également présent, mais loin de la farce, il portait en lui quelque chose de désespéré. Le pianiste a déclaré un jour passer beaucoup de son temps à « oublier comment jouer » (comprendre « jouer de manière académique »), et c'est effectivement loin des repères traditionnels que nous emmène ce spectacle. Les coïncidences ont parfois aussi du bon : les bruits ambiants autour du Magic Mirrors, parfois gênants lors d'autres concerts, venaient ici se mêler aux sons enregistrés, au point qu'on pouvait se demander un moment donné si les aboiements de chien qu'on a entendus faisaient partie ou non du concert... Matthew Bourne est encore pratiquement inconnu en France : souhaitons que cela ne dure pas.