chroniques

Le chatoyant Large Ensemble de Carine Bonnefoy

Carine Bonnefoy Large Ensemble
samedi 28 août 2021
Carine Bonnefoy Large Ensemble

Carine Bonnefoy : piano, percus, composition, direction
Stéphane Guillaume : sax soprano et ténor, flûte, flûte alto
Stéphane Chausse : sax alto, clarinette, clarinette basse
Claude Egea : trompette, bugle
Jean-Jacques Justafré : cor
Denis Leloup : trombone
Johan Renard : premier violon
Antoine Delprat : violon
Boris Lamérand : alto
Jean-Philippe Feiss : violoncelle
Shankar Kirpalani : contrebasse
Frédéric Favarel : guitare
Jean-Michel Charbonnel : contrebasse
André Charlier : batterie, percus
Nelly Lavergne, Déborah Tanguy, Manu Domergue : voix

En 2009, Carine Bonnefoy, pianiste, compositrice, arrangeuse et cheffe d’orchestre, avait été invitée à Jazz sous les pommiers pour la création d’une nouvelle formation, le Large Ensemble. Dans l’esprit du Metropole Orchestra avec lequel la pianiste a d’ailleurs travaillé, elle mêle aux instruments habituels des big bands un ensemble de cordes, y ajoutant même un trio vocal. On la retrouve avec bonheur douze ans plus tard, avec un répertoire enrichi, un deuxième album étant paru en 2019.

Après une introduction de guitare rêveuse et mélancolique, les couleurs de l’orchestre se déploient largement, dans une construction subtile et complexe de lignes entrecroisées, utilisant de manière très variée la pâte sonore, avec une richesse invraisemblable de nuances, toujours au service de l’expression des sentiments et des sensations. Carine Bonnefoy nous raconte sur chaque titre une histoire au multiples rebondissements : « Water Slide » fait référence aux toboggans à eau et à la sensation d’être emporté sans pouvoir s’arrêter ; « Today is Tomorrow » évoque une roue qui tourne, comme dans « un jour sans fin », le besoin de trouver un clé, une solution pour avance ; « Still Near » nous dit que quelqu’un qui est parti d’une manière ou d’une autre n’est jamais vraiment loin. Mais, comme l’évoquait Leonard Berstein à l’occasion de ses « Young People's Concerts », peu importe la source d’inspiration : elle nourrit l’artiste dans son écriture, la musique en étant l’expression des sentiments, chaque auditeur réinventant sa propre histoire. Avec Carine Bonnefoy, son superbe travail d’écriture et d’arrangements, les sens sont à la fête à chaque instant… Ici une pulsation lente, la largeur, l’ampleur du son suscite une sorte de « nostalgie lumineuse ». Là, une introduction de piano au style expressionniste peut évoquer des images cinématographiques… Les instrumentistes sont à la hauteur de l’écriture exigeante de la pianiste, groovant à souhait, expressifs et lyriques dans les solos.

On est heureux que la musicienne ait quelque peu débordé de l’horaire prévu, tant on souhaiterait que ce moment de grâce se poursuive plus longtemps. Restent les albums… ou un prochain rendez-vous sur scène !