Pierre Millet : trompette, bugle
Betty Jardin : voix
François Chesnel : piano
Pascal Vigier : batterie
Patrice Grente : contrebasse
Comme chaque année, l’après-midi du premier samedi s’ouvre avec des musiciens de la région. Cette fois, il s’agit du groupe Décor-Um, formation menée par Pierre Millet, compositeur prolifique à l’écriture tout à la fois foisonnante et passionnante.
Les amateurs du trio Ana Kap auront peut-être reconnu le premier titre, « Pop Oslo », également au répertoire de cette autre formation du trompettiste – ainsi d’ailleurs que « Christmas Song » qui sera offert ici en rappel. Le morceau démarre en douceur, sur tempo lent… quelques notes sont égrenées à la trompette, rejointe bientôt par la voix, et la musique gagne progressivement en ampleur. Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à écouter également la version jouée avec Ana Kap, enrichie d’un très bel arrangement de cordes. Le tempo accélère ensuite avec « Yellow Box », à la fois léger et intense. Les compositions et les arrangements de Pierre Millet font preuve d’un réel art du climat, superbement servi par les musiciens, entre « It’s You It’s Me » qui lance un clin d’œil joyeux à Dizzy Gillespie, « Dominical » plus dramatique, « Napoli » ludique, « Lapis Lazuli » laissant percer par moment un léger sentiment d’étrangeté ou encore « Kerala Princess », à l’écriture aux accents classiques, dont le simple arpège de six notes, joué au piano en introduction, évolue au fur et à mesure du morceau, passant successivement à cinq ou sept notes, troublant agréablement l’oreille. « Doux Nothing » nous offre un très beau moment d’émotion, superbement introduit par Patrice Grente à la contrebasse, tirant de son instrument une sonorité profonde aux belles résonnances, notes sur lesquelles Betty Jardin vient poser sa voix pour un duo tout en délicatesse. Le plus souvent, la voix de la chanteuse vient jouer avec la trompette, parfois en alternance, en contrepoint l’une de l’autre, un solo de trompette accompagnant un thème chanté, ou la voix posant au contraire quelques notes en soutien à un solo. À d’autres moments, ils jouent en unisson, mêlant les deux timbres en un seul. La batterie de Pascal Vigier est toujours inspirée et musicale, bien au-delà de son rôle de soutien rythmique. Quant à François Chesnel, remplaçant ici Jean-Baptiste Julien, pianiste habituel du groupe, il a su s’intégrer parfaitement au quintet et mettre son talent au service de la formation, s’appuyant sur des parties de piano par ailleurs très écrites.
De concert en concert, ce projet encore jeune gagne en profondeur et en émotion, et l’accueil chaleureux réservé ici par le public confirme s’il le fallait qu’il mérite de dépasser largement les frontières de la région…