Renaud Garcia-Fons : contrebasse à cinq cordes
Derya Turkan : kemence
Serkan Halili : kanun
Kiko Ruiz : guitare flamenca
Florent Brannens : violon
Amandine Ley : violon
Cyril Bouffyesse : alto
Nicolas Saint-Yves : violoncelle
On retrouve toujours avec beaucoup de plaisir et d’émotion le contrebassiste Renaud Garcia-Fons à Jazz sous les pommiers. Ses rendez-vous nombreux avec le festival ont à chaque fois été de beaux moments de voyage, de découverte et de partage, par la grâce d’une écriture riche et sensible.
La dernière fois qu’il était venu à Coutances, il jouait en quartet : l’effectif a ici doublé, constitué cette fois uniquement de cordes, comme le laisse deviner l’intitulé de ce nouveau projet. On retrouve dans cette formation le guitariste flamenco Kiko Ruiz, fidèle compagnon du compositeur, ainsi qu’un quatuor à cordes et deux musiciens turcs : Derya Turkan au kemence, sorte de vièle à trois cordes, et Serkan Halili au kanoun, une cithare sur table.
Renaud Garcia-Fons débute en solo, faisant sonner son instrument comme un oud, par rebonds de l’archet sur les cordes, avant d’être rejoint par l’orchestre pour « Serene walk », un thème rêveur et évocateur qui nous emmène dans une contrée imaginaire aux confins de l’Orient et de l’Occident, s’offrant au passage une petite échappée du côté de l’Argentine sur un rythme de tango. Le contrebassiste a d’ailleurs en commun avec Astor Piazzolla ce talent d’écriture qui réinvente les musiques traditionnelles. Les compositions du musicien sont nourries à des sources nombreuses et variées. Ainsi, « Qi Yun », qui signifie « le souffle rythmique », est inspiré par les « Cinq méditations sur la beauté » de l’écrivain François Cheng. Sur ce titre, le kemence de Derya Turkan évoque de manière troublante la voix humaine. Après la buleria très enlevée de « Jinete viento », « Chiche hoop » nous offre un beau moment d’apaisement, avec un très joli thème émouvant et sensible, habillé par l’arrangement soyeux des cordes. Le concert se poursuit avec le vif et entraînant « Rock my strings », suivi du « Souffle des cordes » introduit par un prélude nostalgique en quatuor, pour finir avec « Mamamouchi », clin d’œil à Molière en forme de farce baroque et bouffonne.
Les dernières notes du morceau ont à peine fini de résonner que le public est déjà debout pour un double rappel qui donnera à écouter « Le Bal des Haftan » et « Skopje melodija ». Encore une fois, Renaud Garcia-Fons nous a éblouis et bouleversés, et l’on attend avec impatience son prochain rendez-vous.