Robinson Khoury : trombone, synthé modulaire
Anissa Nehari : percussions
Léo Jassef : claviers
Lynn Adib : voix
Depuis 2022, on suit Robinson Khoury de près à Coutances. Il jouait cette année-là aux côtés de Théo Ceccaldi ainsi que sur la scène Découverte avec son propre quintet. L’année suivante, il nous revenait avec Sarãb, et le voici maintenant Résident pour deux ans.
Ce soir, au théâtre, il nous propose sa première création à Jazz sous les pommiers, c’est aussi la première officielle de son nouveau trio, Mÿa. Cette création a justement comme fil rouge une exploration des origines sous différentes formes : origine du monde, de la vie, de ses propres racines, à la fois orientales et occidentales, de ses racines musicales…
Le concert débute dans la pénombre et le silence. Robinson Khoury lance quelques arpèges en boucle sur son synthé modulaire, rejoint très progressivement par Anissa Nehari et Léo Jassef, le thème se pose sur cette trame, le compositeur jouant dans son écriture sur de forts contrastes : entre acoustique et électronique, entre piano jazz et percussions tribales, entre musique ancienne et technologie modernes… Avec « Cosmos », les racines libanaises du tromboniste surgissent au travers des premières notes qu’il pose sur le tapis de synthés déroulé par Léo Jassef, avant que la musique ne gagne progressivement en amplitude. Au long du concert, Robinson Khoury joue de toutes les variations de son instrument, en tirant parfois des sonorités inouïes, d’une grande richesse et d’une forte expressivité. Le morceau suivant offre un thème dans l’esprit de certaines compositions d’Henri Texier, une mélodie simple, un chant qui vous accroche comme une évidence, évoquant les grands espaces, et qui ne vous lâche plus. Retour au sujet de la création ensuite avec « Birth Of Noham », une ode à la maternité où la voix devient plus présente. Tout au long du concert, on est impressionné par le travail sur les couleurs sonores, traitées comme une matière, les musiciens jouant sur les textures, avec de grandes amplitudes et de subtiles nuances. L’écriture est par ailleurs très évocatrice d’images, de paysages, comme dans « Taxi Brousse », inspiré par un voyage au Sénégal. Dépaysement assuré ensuite avec « Mÿa » : appel à la trompette droite, subtiles harmonies vocales, sons de synthé « énormes », organiques, transe électro… « Quelque Chose Bouge », texte dit par le tromboniste, nous renvoie à l’origine du monde, avant que l’artiste nous ramène à ses propres origines, avec « Qānā », hommage à la ville de ses ancêtres, porté avec beaucoup d’intensité par la chanteuse invitée Lynn Adib, et la « Chaconne » en ré mineur de Jean-Sébastien Bach pour la musique occidentale.
Un superbe voyage dans le temps et dans l’espace, et l’on attend avec impatience les prochaines propositions de Robinson Khoury.