Franck Tortiller : vibraphone
Matthieu Vial Collet : guitare, voix
Rémy Béesau : trompette
Pierre Bernier : sax
Maxime Berton : sax
Tom Caudelle : euphonium
Pierre-Antoine Chaffangeon : claviers
Pierre Elgrish : basse
Yovan Girard : violon
Joël Chausse : trompette
Abel Jednak : sax
Léo Pellet : trombone
Vincent Tortiller : batterie
Franck Tortiller et Jazz sous les Pommiers, c’est déjà une longue histoire, puisqu’il a inauguré les résidences du festival en 1994, en trio avec ses compagnons Yves Rousseau – qu’on retrouve vendredi 31 à la Cathédrale – et Pascal Vignon, qui nous a hélas quittés en 2017 et à la mémoire duquel le vibraphoniste a dédié la soirée.
Démarrage sur des chapeaux de roue avec « Brown Shoes Don’t Make It », long manifeste d’un quart d’heure, très revendicatif, contre le sénateur Johnson – l’équivalent à la fin des années 60 d’un Trump d’aujourd’hui –. Musicalement, le morceau s’apparente à une mini comédie musicale en forme de patchwork comme Zappa les affectionne, mêlant shuffle, blues, free, rock, musique contemporaine, rhythm’n’blues, un titre riche et dense que Franck Tortiller et sa « bande de jeunes » propulsent avec une énergie sans faille. Le répertoire choisi ici nous renvoie à la première période du « grand moustachu », entre 1968 et 1975 : l’orchestre enchaîne ainsi avec « Montana », suivi d’un collage associant « Mother people » et « Igor’s Boogie », tout à la fois parodie et hommage à Stravinsky. Les arrangements, eux, sont très actuels et montrent que le compositeur reste d’une absolue modernité. Petite exception chronologique toutefois avec « Joe’s Garage », un titre extrait du triple album éponyme de 1979 racontant l’histoire d’un jeune musicien rêvant de devenir star, au travers duquel Franck Tortiller évoque la nostalgie qu’il perçoit dans l’œuvre de Zappa. Il réussit par ailleurs, dans la plus pure tradition zappaienne, à y glisser une citation d’un album plus tardif où le solo de guitare que Jimmy Page jouait sur « Stairway to Heaven » est repris par les cuivres dans une version « reggaeisée ». La dernière partie du concert se recentre sur l’année 1975 et l’album « One Size Fits All » : peut-être pas un hasard quand on sait que nous sommes ici à la grande époque où l’exceptionnelle percussionniste Ruth Underwood était très présente aux côtés de Zappa, notamment au vibraphone…
Un très bel hommage de Franck à Frank, nous offrant une musique foisonnante, complexe et jouissive. Fidèle, comme l’on dit, « à l’esprit et à la lettre » du grand compositeur.