chroniques

Une voix forte et engagée

Angélique Kidjo
samedi 25 mai 2019
Angélique Kidjo

Angelique Kidjo : voix
Dominic James : guitare
Marcos Lopez : percus

C’est toute une vie qui se déroule pour nous ce soir, une vie d’engagements au travers de la musique, qu’elle a toujours associée à l’émancipation des femmes.

Tout commence au Bénin et le début du concert nous ramène en Afrique. Après une courte introduction instrumentale du guitariste Dominic James et du percussionniste Marcos Lopez, la chanteuse arrive sur scène, bientôt rejointe par son invité exceptionnel Erik Truffaz qui viendra régulièrement à ses côtés tout au long de la soirée. La chanteuse évoque son enfance et l‘importance de la passion de ses parents pour l’éducation : comprendre les autres cultures pour lutter contre l’obscurantisme. En 1983, elle fuit la dictature communiste de son pays et arrive à Paris. Elle évoque sa découverte d’Higelin, Bashung, Gainsbourg, dont elle reprend ce soir « Ces petits riens » avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. C’est à Paris également qu’elle rencontre Nina Simone à qui elle rend ici hommage avec sa reprise de « Ne me quitte pas », glissant doucement vers des rythmes afro-cubains. La chanteuse se réapproprie également le répertoire des Talkings Heads et plus particulièrement de l’album « Remain in Light », juste retour vers l’Afrique d’un répertoire inspiré notamment par l'Afrobeat de Fela Kuti. Présence de l’Afrique également et importance des femmes dans un monde dominé par les hommes dans la musique cubaine, avec la découverte de Celia Cruz, dont elle reprend trois titres. Ses complices sur scène, Dominic James et Marcoz Lopez, « tiennent » la musique, sans fioriture ni esbroufe, sans rien de démonstratif, mais avec une présence remarquable, portant efficacement la voix puissante de la chanteuse. Angélique Kidjo évoque aussi les débuts de sa conscience politique avec « Redemption Song », de Bob Marley, un moment particulièrement émouvant de cette soirée riche en émotions. L’ambiance monte d’un cran lorsqu’elle reprend le célèbre « Pata Pata » de Miriam Makeba (« si vous ne le connaissez pas, c’est que vous n’êtes pas de cette planète », assure-t-elle en riant). Le public est debout, certains se mettent à danser et la rejoignent sur scène, les spectateurs chantent avec elle « Mama Africa » et lui font un rappel enthousiaste.