Randy Brecker : trompette
Dave Liebman : sax
Marc Copland : piano
Drew Gress : contrebasse
Joey Baron : batterie
C’est un quintet d’exception qui nous attendait ce soir au théâtre, et tout aussi exceptionnellement, les deux concerts de la soirée ont été intervertis, en raison de la fatigue des Américains, qui terminaient ici leur tournée et devaient qui plus est repartir rapidement dans la nuit.
On avait déjà eu l’occasion de tous les entendre à Coutance, hormis Randy Brecker dont c’était la première prestation sous les pommiers. Dave Liebman est un « habitué » : en 2002, il jouait avec Jean-Paul Celea et Wolfgang Reisinger, et c’est en duo avec Jean-Marie Machado qu’il nous revenait en 2009. Un autre duo, en 2005, réunissait Marc Copland et le regretté Gary Peacock. Drew Gress était venu, lui en 2014, aux côtés de Bill Carrothers. Joey Baron, enfin, nous a laissé un impérissable souvenir de son passage au festival en 2004, où il a donné plusieurs concerts tout au long de la semaine, notamment avec Michel Portal qu’on retrouvera d’ailleurs demain soir salle Marcel Hélie.
Les cinq musiciens ont visité au cours de leurs carrières respectives de nombreux territoires du jazz, et même aux frontières du jazz : on pense notamment à la musique survitaminée des Brecker Brothers dans les années 70 et à leurs prestations aux côtés de Frank Zappa, ou encore la fructueuse collaboration de Joey Baron avec Bill Frisell. C’est pourtant sur des « fondamentaux » qu’ils se retrouvent ici, avec quelques standards, notamment le « Mystery Song » de Duke Ellington qui ouvre le concert, ou encore « All Blues », mais surtout des compositions personnelles où flottent souvent les esprits de Thelonious Monk et de Charlie Mingus. Il y a là aussi des histoires d’amitiés : ainsi, Marc Copland joue avec Michael Brecker depuis une soixantaine d’années, ils se sont connus enfants… Il joue également avec Dave Liebman depuis les années 70. On est donc loin d’un All Star de circonstance, et la connivence entre les musiciens est évidente. On aura apprécié particulièrement au gré des titres le jeu lyrique de Marc Copland, et l’accompagnement toujours subtil de Joey Baron, qui, avec un swing et une énergie sans failles, fait toujours preuve de poésie et d’inventivité : un régal de tous les instants.
Alors oui certes, il y avait aussi parfois un peu de fatigue, mais la musique porte toujours les musiciens au-delà d’eux-mêmes, et il aurait été dommage de manquer ce beau et grand moment de jazz.